Sortir du pétrole, de la croissance et du capital

Inspiration pour le cadre, tiré d'un commentaire de Gilles Gagné, sociologue dans République ; un abécédaire populaire d'Hugo Latulippe.



"On doit dire aujourd'hui, nous sommes tous coresponsables du domaine commun. Et la question écologique va devenir avec les années la question décisive, celle qui restructure toutes les autres. L'éther particulier qui donne son poids à toute les questions, c'est la question écologique.



Et la question écologique, malheureusement, elle exige d'agir. Elle exige de faire un choix. Elle exige d'avoir des capacités politiques ; d'interdire ou de rendre obligatoire, de choisir A plutôt que B, de favoriser l'un plutôt que l'autre.



"L'obligation d'agir collectivement va nous rentrer dedans de plus en plus fortement ; et elle va venir de la question écologique. Et elle va venir du fait que maintenant, non seulement on a ce domaine commun, théoriquement comme copropriétaires ... non ! ... comme coresponsables ... qu'il est terriblement limité et que la prochaine fois que ça va mal dans les centrales nucléaires en Ontario, c'est Montréal qui peut devenir une terre interdite à l'être humain pour 2 000 ans.



"Sous l'égide de la question écologique comme principe du jugement, il y a déjà trois autres principes de jugement qui sont accessibles à nous comme québécois et qui nous permettraient de juger toutes nos politiques.



Les trois principes du jugement c'est :

  - Sortir du pétrole

  - Sortir de la croissance

  - Sortir du capital



Il n'y a rien dans ça qu'on peut réaliser du jour au lendemain et on saurait très clairement quoi faire. Mais dans chaque cas ça nous dit : "Là, on va dans le mauvais sens, là on va dans le bon sens." Sortir du pétrole, on peut dire : "Ça on est mal parti, ce n'est pas par là qu'on va y arriver."



Ça ne consiste donc pas à exiger que demain matin ce soit fait, ça consiste à dire maintenant je vais soumettre toutes questions politiques à la question de l'écologie. Et toutes questions écologique je vais la soumettre à ces trois principes là, parce que nous, particulièrement au Québec, on a les moyens d'envisager d'une manière réaliste ces trois objectifs là.



Si nous on ne met pas comme objectif qu'on doit tout juger, par exemple, à partir de la question de sortir du pétrole, c'est un scandale. Parce que nous, on pourrait le faire. Nous on peut le faire. Et le fait qu'on ne soit pas là-dedans maintenant en train de tout juger en terme de "Est-ce que ça nous sort ou non du pétrole ?" c'est un scandale. On a l'opportunité de mettre en place les machins, les gadgets, les trucs, les expériences qui montreraient la voix. Particulièrement nous. On a été comme doté pour ça. Alors le fait qu'on ne soit pas en train de faire ça c'est qu'on a pas encore commencé à entendre la question écologique. Si on avait entendu la question écologique ... ça doit être notre critère de jugement, bein on dirait on a d'autres sous-critères de jugement ; c'est qu'est-ce qui nous rapproche de sortir du pétrole et qu'est-ce qui nous en éloigne ? Et on ferait tout à partir de là.



La croissance c'est la même chose. La croissance c'est la destruction cumulative de la planète. Et tout l'occident chrétien n'a été capable jusqu'ici de penser la justice sociale que sous l'égide de la croissance. It's easier to share an expanding cake. Si tu commences à faire des parties d'un gâteau qui est en train de s'accroître par l'autre bout, c'est pas trop grave la grandeur des parties. Donc la justice sociale, on l'a complètement fédérée sous l'idée de croissance. "Rising Tide" disait Kennedy, enfin, ses économistes, "lifts all the boats" ... la marée montante fait monter tous les bateaux. La justice sociale, c'est compliquée, mais avec la croissance c'est plus facile. Si les salaires des riches multiplie par 10%, c'est pas si grave si le salaire des pauvres multiplie par 5%. Tout le monde en a plus ... Donc la croissance c'est notre principe politique "number one". Et la croissance comme principe politique c'est ... impossible ! Somehow les gaz de schiste ça peut être payant, rentable, efficace, créer de l'emploi ... mais ça ne va pas dans le bon chemin. Auriez-vous quelque chose à me proposer qui irait dans l'autre sens ?



C'est le chemin qui est important pour la république d'avenir.



- Gilles Gagné, professeur et sociologue, 2011

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