dimanche

Des solution existent

À Carleton-sur-mer était présenté cette semaine par Cinétoile le film DEMAIN.

Bien plus qu'un documentaire rempli d'informations, DEMAIN raconte une histoire que l'on entend peu souvent. Celle du fait qu'il soit possible de vivre intelligemment en harmonie avec ce et ceux qui nous entourent.

En Gaspésie où j'habite, nous faisons présentement face aux derniers relents d'une industrie pétrolière et financière désuète et en déclin qui tente par tous les moyens à leur disposition de s'accrocher au peu de profit qu'elle voit briller à l'horizon (et qui est souvent un mirage transformer en miracle sous forme de soutiens gouvernementaux).

Le gouvernement représentatif n'a plus la décence de consulter la population. Il est donc alors de notre devoir de nous organiser nous-même.

Mais pour résister, il faut croire qu'il existe une meilleure solution que celle proposer.

Voici donc un survol d'initiatives concrètes qui existent déjà et qui sont bien établies, tirées du documentaire Demain.

Une liste beaucoup plus large, un peu moins à jour mais très intéressante tirée du livre Un million de révolutions tranquilles de Bénédicte Manier est disponible ici.

Finalement, pour les personnes intéressées à s'impliquer directement dans des initiatives structurantes alternatives en Gaspésie, visitez le site web de la coopérative de transition et de solidarité Horizons gaspésiens.

Solutions concrètes alternatives au développement pétrolier et autres modèles d'affaires désuets en Gaspésie


POCHECO

Une entreprise qui existe depuis 20 ans, qui fabrique des enveloppes en papier de manière écologique et responsable et qui crée 114 emplois.

L’activité et la démarche de POCHECO sont guidées par les trois principes de la circularité depuis 20 ans;
  1. La réduction du risque au travail et la baisse de la pénibilité des postes.
  2. La réduction de l’impact sur l’environnement et la prévention des pollutions.
  3. L’amélioration de la productivité de l’activité et du site industriel.


Nous appelons cette démarche: l’écolonomie*
*Merci à Corinne LEPAGE qui a créé ce mot en 2008 dans Vivre autrement aux éditions Grasset

ET NOUS RENONÇONS AU CAPITALISME FINANCIER: les résultats de l’entreprise sont systématiquement réinvestis dans l’entreprise. Pas de dividendes.

ÉCONOMIE CIRCULAIRE EN PME : POCHECO, L'ÉCOLOGIE AU SERVICE DE L'ÉCONOMIE

*** Cette approche n'est-elle pas plus avantageuse que l'extractivisme capitaliste centrée sur le profit aux actionnaires et n'est-elle pas accessible aux gens de la Gaspésie ? Alors, qu'est-ce qui nous empêche d'agir dans cette direction ? ***

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LA FERME DU BEC HELLOUIN

La Ferme biologique du Bec Hellouin est un lieu de production, de recherche et de transmission. Plus de 800 variétés de fruits et légumes croissent dans ses jardins, dans un respect absolu de l'environnement, grâce aux concepts de la permaculture. De nombreuses recherches y sont menées pour explorer des pratiques agricoles naturelles et efficaces, qui contribuent à la régénération de la biosphère.

Une Etude explorant le Maraîchage"biologique"permaculturel" et "performance"économique » y a été menée de 2011 à 2015 pour vérifier la viabilité économique d'une telle entreprise. Le chiffre d'affaire en 2013 pour une surface de 1000 m2 fut de 33 000 euros (48 650$) et de 57 000 euros (84 000$) l'année suivante et allant encore en augmentant selon le film DEMAIN.

L'Institut national de la recherche agronomique (INRA) a fait un topo sur la Ferme Bec Hellouin.


*** Cette approche n'est-elle pas plus avantageuse que l'extractivisme capitaliste centrée sur le profit aux actionnaires et n'est-elle pas accessible aux gens de la Gaspésie ? Alors, qu'est-ce qui nous empêche d'agir dans cette direction ? ***

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La Business Alliance for Local Living Economies, BALLE (pronounced “bahl-ee”), représente des milliers de communautés et d'organisateurs et organisatrices, entrepreneurEs, investisseurEs et bailleurs de fonds qui défient le business as usual.

Le but de l'association est de créer une réelle prospérité pour tous et toutes, une nouvelle économie locale et saine.

D'ici une génération, le mouvement imagine un système global à l'échelle humaine, d'économies de vie locale fonctionnant en harmonie avec les écosystèmes, qui répondent aux besoins fondamentaux de tous et toutes, qui supportent des sociétés justes et démocratiques, et encourage une vie communautaire heureuse.

*** Cette approche n'est-elle pas plus avantageuse que l'extractivisme capitaliste centrée sur le profit aux actionnaires et n'est-elle pas accessible aux gens de la Gaspésie ? Alors, qu'est-ce qui nous empêche d'agir dans cette direction ? ***

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Le mouvement TRANSITION et la RECONOMY

Des solutions existent partout à travers le monde. Non seulement ces solutions existent, mais celles et ceux qui les développent sont ouverts à partager leur expérience, très souvent gratuitement afin que nous progressions ensemble.

*** Cette approche n'est-elle pas plus avantageuse que l'extractivisme capitaliste centrée sur le profit aux actionnaires et n'est-elle pas accessible aux gens de la Gaspésie ? Alors, qu'est-ce qui nous empêche d'agir dans cette direction ? ***

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Mon nom est Martin Zibeau, j'habite la Gaspésie au Québec

J'ai participé à la création de la coopérative de Transition et de Solidarité Horizons gaspésiens, à l'établissement du Loco Local de Bonaventure, un lieu autogéré par et pour ses utilisateurs et utilisatrices. J'ai participé à l'écriture de l'essai collectif Sécession ; Et si la Gaspésie devenait un pays libre. J'ai co-créé le Demi, une monnaie complémentaire citoyenne ainsi que le SEL de mer, un système d'échange de services local.

La "carrière" que j'ai choisi est celle de dédier mon temps à créer un monde juste et équitable dans lequel les gens et la planète sont traités avec respect. Je travaille à laisser à mes enfants, Émile et Julianne et je l'espère à plusieurs générations ensuite, une communauté meilleure à tous les points de vue que celle qui m'a vu naître.

Les projets d'extraction en Gaspésie (et ailleurs) menés par les Pétrolia, Ciment McInnis et autres sociétés similaires doivent être arrêtées maintenant.

Je vous invite à vous joindre au mouvement pour l'amélioration et non la destruction.

Désinvestissez si vous avez de l'argent placé dans ces sociétés et agissez positivement directement dans vos communautés.

Et si vous ne savez pas par où commencer, écrivez-moi et ça me fera plaisir de partager mes expériences avec vous.













lundi

Ne sommes-nous pas tous responsables?

SAINT-SIMÉON DE BONAVENTURE, décembre 2015 —

Ce billet essaie d'explorer où « le bât blesse ». Comment je peux poser des gestes concrets au quotidien pour contribuer à l'amélioration de la qualité de vie de quiconque est touché directement ou indirectement par mes choix économiques. Au fil du temps je trouve de plus en plus difficile de garder cet objectif. Y a-t-il trop d'information? l'information est-elle trop difficile à gérer, à comprendre? J'ai souvent l'impression d'être complètement inutile, une goutte d'eau dans l'océan. Pourtant je ne peux m'empêcher d'essayer de trouver des façons de mettre en œuvre cette volonté de vivre dignement dans le respect des gens qui m'entourent et de l'environnement qui me fournit tout ce dont j'ai besoin pour bien vivre. Lorsque le « bât qui blesse » est aussi le bas de laine des québécois.es, ça crée un malaise viscéral. Ce billet touche à des éléments souvent difficiles à aborder dans la famille québécoise moyenne.

Vous, un ou une de vos ami.e.s, un membre de votre famille avez probablement été indigné, avec raison, d'un attentat ou d'une quelconque injustice dernièrement. Un drapeau, un « je suis ... » a peut-être été ajouté à votre ou à leur profil facebook en signe de solidarité. Ça flash, c'est à la mode, c'est tendance … mais est-ce éthique, honnête ou tout simplement juste informé?

Plusieurs personnes font leur possible pour comprendre la situation. D'autres prendront jusqu'à sept minutes entières de leur temps facebook pour bien comprendre la situation au Moyen-Orient. Si le ridicule tuait, la situation en occident serait aussi horrible qu'ailleurs dans le monde.

Pourtant, elle me semble aussi horrible qu'ailleurs, mais de manière moins spectaculaire, plus insidieuse. Par exemple, pancarte à la main, des professionnel.les de la santé, de l'éducation et des services sociaux s'indignent, avec raison, qu'on choisisse de financer Bombardier à coup de milliards de dollars qui pourraient être utilisés autrement. La triste ironie est que la grande majorité des ces indigné.e.s « investissent » leur propre argent à travers leur régime de retraite sans se poser de questions sur comment ni à qui profitent leurs investissements. Pendant que la FTQ investit rondement dans Bombardier, du même souffle elle dénonce férocement l'austérité!

Nous avons au Québec le fameux « bas de laine des québécois » qui en termes plus savants est la Caisse de dépôt et placement du Québec. C'est une machine à faire de l'argent, avec de l'argent. Certains la critiquent vertement, d'autres l'encensent. Ce qu'il m'apparaît important de savoir, c'est que cette machine représente bien notre vision du monde. Peu importe qui je soutiens, tant que j'en retire quelques sous, l'affaire est ketchup!

Les temps où on pouvait dire « ce qu'on ne sait pas ne fait pas mal » me semblent pas mal terminés. Il est assez facile aujourd'hui de découvrir ce avec quoi on remplit notre fameux bas de laine. Par exemple, sur les dix plus grandes compagnies d'armements sur la planète, nous investissons collectivement à travers notre « bas de laine », dans six d'entre elles. Notre argent est aussi utilisé par Chevron, Halliburton, Monsanto, Wal Mart, Starbucks, Monster Beverage, Pepsi et Coca-Cola. Actionnaire dans plus de 4 000 entreprises partout sur la planète, il n'y a évidemment pas que de bons investissements. Mais lorsqu'on réclame pancarte à la main de meilleures conditions pour mieux faire notre travail dans le milieu de la santé, ne sommes-nous pas un peu en « conflit d'intérêts » quand nos dollars servent à garder en vie les Pepsi et Philip Morris de ce monde? Nous qui réclamons haut et fort, et à juste titre, de meilleures conditions de travail, ne serait-ce pas conséquent avec nos demandes pour améliorer nos conditions de vie, de prendre quelques minutes pour nous questionner sur l'impact de nos actions … dans tous les sens du terme?


Puis après?

Voici quelques références qui m'ont aidé à amorcer ma réflexion et qui pourront peut-être vous être utiles.

Références :

Ce site permet de consulter les actions détenues par la caisse de dépôt et placement du québec

Les 10 plus grandes entreprises mondiales de défense
http://www.sipri.org/yearbook/2015/10 (2013 en anglais mais qui n'est pas beaucoup différente de 2009)

Informations sur la Caisse de dépôt et placement du Québec
https://fr.wikipedia.org/wiki/Caisse_de_d%C3%A9p%C3%B4t_et_placement_du_Qu%C3%A9bec

Le site web de la cdpq : http://cdpq.com/

Toujours intéressant d'en apprendre un peu plus sur les manières douteuses de faire de certaines compagnies

Il y a aussi d'autres façons de faire : https://www.caissesolidaire.coop/

-30-

NOTE SUR L’AUTEUR

Martin Zibeau est facilitateur de projets pas possibles qui se réalisent. Éduqué en permanence par sa communauté passée, présente et à venir, il est un agroanarchiste planteur d’espoir. Originaire de ville Vanier, dans la région de la capitale nationale, du temps qu’il y poussait autre chose que du béton, il a choisi la Gaspésie avec sa famille et se battra corps et âme pour que l’histoire économique de son enfance ne s’y répète pas.

jeudi

M. Couillard, vous n'avez pas mon autorisation

Jeudi 5 novembre 2015

À l'attention de
Philippe Couillard, premier ministre du Québec sous le parti libéral du Québec

Mon nom est Martin Zibeau. Je suis né au Québec en 1968, père de deux enfants de 5 et 7 ans, j'habite la circonscription de Bonaventure en Gaspésie.

L'objet de cette lettre est de vous signifier explicitement mon désaccord avec la décision du gouvernement de soutenir à la hauteur d'un milliard de dollars la compagnie Bombardier. J'en profite pour faire de même, avant que vous n'y arriviez, au sujet de l'éventuelle privatisation de la SAQ et d'Hydro Québec.

Pour être clair, ce n'est pas seulement l'expression d'un désaccord théorique que j'aimerais exprimer, mais c'est qu'en tant que citoyen du Québec je ne vous permets pas, ne vous donne pas mon accord pour effectuer cette transaction avec Bombardier, ni non plus pour explorer les possibilités de privatisations mentionnées plus haut.

Bien sûr, même si cette lettre se rendait jusqu'à vous, je n'imagine pas que vous en teniez compte. Au moment où je vous écris ces mots, 1/3 des 4000 organismes communautaires du Québec n'ouvriront pas leurs portes aujourd'hui et demain parce qu'ils ne se sentent pas écoutés par vous. Vous comprendrez que je n'ai pas beaucoup d'espoir d'avoir votre attention. Et ce n'est peut-être pas tant par vous que je souhaite être entendu au final, en tout cas pas seulement.

Pour que mon désaccord soit bien ancré dans une réalité que vous pourriez comprendre, j'ai cherché un moyen de ne pas participer financièrement à votre « projet de société ». Mes moyens ne me permettant pas d'accéder aux paradis fiscaux, je me suis réfugié sous le seuil de la pauvreté. Je vous indique donc que je ne paierai pas d'impôt cette année. Pas par le biais d'une quelconque désobéissance civile, mais tout légalement (peut-être inspiré par vos pratiques) en faisant une retenue à la source. Je ne paierai pas d'impôt cette année parce que j'ai décidé consciemment de ne pas faire assez d'argent pour avoir à contribuer financièrement à votre agenda partisan. Mon seul luxe sera de savoir que je ne vous donnerai pas un seul dollar à redonner à vos amis. Je n'encourage évidemment personne à faire de même, mais si d'autres citoyens et citoyennes se sentaient inspirées par des façons de se réapproprier un pouvoir qu'une minorité seulement d'entre nous vous avons consenti, ce sera toujours ça.

Vous avez peut-être aussi entendu parler  du demi (1). Les médias Time(2), Maclean's(3), France info(4), Radio Canada(5) et Radio X(6) entre autres en ont glissé un mot dernièrement si le sujet vous intéresse. C'est une autre façon proposée et légale de reprendre en tant que citoyen et citoyenne, un peu de pouvoir (en tout cas aussi légale et probablement plus éthique, qu'investir aux Îles Jersey). Si chaque citoyen et citoyenne devenait sa propre banque, auraient-ils droit à un peu plus de respect de votre part?

Je vous partage ces quelques actions parmi d'autres sur lesquelles j’investis mon temps parce que je crois important de vous rappeler et de NOUS rappeler, qu'au final vous auriez dû être élu pour être le représentant de la population. Que même si le système archaïque et désuet qui vous a permis de « prendre » le pouvoir ne nous permet pas de vous destituer légalement, il existe quand même des moyens légaux et pacifiques pour les gens qui le désirent vraiment de s'organiser avant que vous ne nous ayez complètement désorganisés.

Vous aurez peut-être remarqué que je ne vous invite pas à revoir vos positions. Vos positions sont claires et vous nous avez déjà démontré depuis le début de votre mandat que vous n'avez pas l'intention de fléchir et que si vos babines nourries par votre pléthore de « spin doctors » se font allées à intervalles savamment calculés, vos bottines de luxe sont rarement au rendez-vous, à moins que ce ne soit un rendez-vous partisan.

Dans la mesure de mes moyens, je m'investirai donc dans le développement de ma communauté en lui donnant mon temps. Et si je n'ai aucun moyen de vous empêcher de piger à votre convenance dans les coffres du Trésor québécois, je vous assure que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour légalement ne pas y contribuer tout en m'investissant concrètement au quotidien à l'amélioration de la qualité de vie de ma famille et des gens qui nous entourent.

Vous détenez certainement pour le moment les cordons d'une bourse collective importante. Mais vous n'avez que très peu de contrôle sur les canaux qui ont rempli cette bourse qui à mon avis n'est plus entre bonnes mains. Vous n'avez jamais eu ma confiance sur la saine gestion de nos ressources collectives, mais je ne vous l'avais pas encore signifié officiellement. Je le fais maintenant. Par cette lettre je vous signifie clairement et ouvertement mon intention de ne pas me mettre à genoux devant votre arrogance face à la dignité des gens qui travaillent, qui ont travaillé et qui travailleront pour l'intérêt de l'ensemble de la population du Québec.

Sincèrement,

Martin Zibeau
126 rue Bélanger, Saint-Siméon de Bonaventure, G0C 3A0

Références :
Cc.:
Jean D'Amour, Ministre responsable de la région de la Gaspésie—Îles-de-la-Madeleine: ministredelegue@mtq.gouv.qc.ca
Sylvain Roy, député de Bonaventure : sylvainroy-bona@assnat.qc.ca

etc.

Ce texte a aussi été publié dans le Journal Ensemble, presse coopérative et indépendante :
http://www.ensemble.coop/m-couillard-vous-n-avez-pas-mon-autorisation/


lundi

On se fait fourrer … scientifiquement

Edward Louis Bernays est considéré comme le père de l'industrie des relations publiques. Ce n'est pas rien. Cet homme, neveu de Freud et qui utilisera la psychanalyse dans sa façon de manipuler l'opinion publique, a contribué significativement au malêtre collectif. Pour un président américain élu sur la promesse de ne pas participer à la Première Guerre mondiale, il travaillera à convaincre la population d'aller en guerre et à participer à l'effort de guerre. Par une mise en scène réfléchie et opportuniste, il fera en sorte que les femmes américaines non-fumeuses voient le fait de fumer comme un outil d'émancipation. Il fut le réalisateur de la vision d'un banquier de Lehman Brothers, Paul Mazur, qui suggéra que l'Amérique bascule d'une culture voulant répondre à ses besoins, à une voulant répondre à ses désirs. Ils ne s’attaquaient à rien de moins qu'à formater une nouvelle mentalité en Amérique.

Pour constater à quel point cette vision est aujourd'hui ancrée dans notre culture, nous n'avons qu'à regarder autour de nous. Pour un peu de distance, le film The Corporation s'interroge sur notre rapport à la consommation et plus particulièrement au profil psychologique d'une entreprise. Le segment « Basic Training » du film à 1:03:20 est particulièrement révélateur de jusqu'où l'entreprise, une personnalité juridique, est prête à aller et comment de vrais êtres humains à l'intérieur de cette entité participent à leur propre perte à long terme. 
 
Je vous partage tout ça suite à la visite de Normand Baillargeon au Loco Local de Bonaventure cette semaine. L'auteur du Petit cours d'autodéfence intellectuelle est à mon avis un des acteurs majeurs dans la lutte à l’insignifiance humaine. Une lutte qui est loin d'être menée à armes égales. Mais même si cette lutte semble impossible à gagner, je crois de plus en plus que cette masse aux apparences informes et sans individualité est de plus en plus consciente. Consciente d'elle-même, de sa place dans l'univers terrestre, de ses fonctions et utilités. Nous prenons de plus en plus conscience de nos limites et des effets de nos actes. D'une masse informe, nous nous transformons en une masse informée. Comme le manchot empereur de l’Antarctique qui se répartit aussi équitablement que possible la chaleur en alternant entre le centre du cercle et sa périphérie, notre masse humaine facilement manipulable en apparence contient en ses centres toute l'information nécessaire pour que cesse cette manipulation. Des milliers sinon des millions d'initiatives faisant la promotion de la coopération plutôt que la compétition agissent présentement sur le terrain. Impliquez-vous!

Petit cours d'autodéfense intellectuelle : http://www.luxediteur.com/autodefenseintellectuelle

jeudi

Pourquoi je n'irai pas voter le 19 octobre.

Affirmez que vous ne votez pas en 2015 et il y a de fortes chances qu'on veuille vous crucifier sur la place publique. On vous accusera de tous les maux. On vous dira que des gens meurent dans d'autres pays pour s’acquitter de ce privilège. Le privilège de choisir nos maîtres, une fois aux quatre ans dans des conditions et à un moment sur lesquels nous n'avons pas un mot à dire. Quelle chance nous avons !
 
C'est donc le plus honnêtement du monde et en connaissance de cause que j'affirme haut et fort mon refus de participer à cette mascarade qui a assez duré. Elle durera encore quelque temps, je n'en doute pas. Mais il y a tout de même quelques signes qui nous indiquent que le système s'effrite; Donald Trump a une chance d'être élu aux États-Unis, pendant qu'ici au Canada les trois partis dans la course sont pour ainsi dire interchangeables.
Si refuser d'aller voter fait de moi un être ignoble, à l'inverse, quel sentiment anime la personne qui vote? Plusieurs auteur.e.s se sont déjà penchés sur le sujet. En voici un exemple;
« À quel sentiment baroque, à quelle mystérieuse suggestion peut bien obéir ce bipède pensant, doué d'une volonté, à ce qu'on prétend, et qui s'en va, fier de son droit, assuré qu'il accomplit un devoir, déposer dans une boîte électorale quelconque un quelconque bulletin, peu importe le nom qu'il ait écrit dessus ?... Qu'est-ce qu'il doit bien se dire, en dedans de soi, qui justifie ou seulement qui explique cet acte extravagant ? Qu'est-ce qu'il espère ? Car enfin, pour consentir à se donner des maîtres avides qui le grugent et qui l'assomment, il faut qu'il se dise et qu'il espère quelque chose d'extraordinaire que nous ne soupçonnons pas. Il faut que, par de puissantes déviations cérébrales, les idées de député correspondent en lui à des idées de science, de justice, de dévouement, de travail et de probité […] Et c'est cela qui est véritablement effrayant. Rien ne lui sert de leçon, ni les comédies les plus burlesques, ni les plus sinistres tragédies.
Voilà pourtant de longs siècles que le monde dure, que les sociétés se déroulent et se succèdent, pareilles les unes aux autres, qu'un fait unique domine toutes les histoires : la protection aux grands, l'écrasement aux petits. Il ne peut arriver à comprendre qu'il n'a qu'une raison d'être historique, c'est de payer pour un tas de choses dont il ne jouira jamais, et de mourir pour des combinaisons politiques qui ne le regardent point.
Que lui importe que ce soit Pierre ou Jean qui lui demande son argent et qui lui prenne la vie, puisqu'il est obligé de se dépouiller de l'un, et de donner à l'autre ? Et bien ! non. Entre ses voleurs et ses bourreaux, il a des préférences, et il vote pour les plus rapaces ou les plus féroces. Il a voté hier, il votera demain, il votera toujours. Les moutons vont à l'abattoir. Ils ne se disent rien, eux, et ils n'espèrent rien. Mais du moins ils ne votent pas pour le boucher qui les tuera, et pour le bourgeois qui les mangera. Plus bête que les bêtes, plus moutonnier que les moutons, l'électeur nomme son boucher et choisit son bourgeois. Il a fait des Révolutions pour conquérir ce droit. »
- Octave Mirbeau, La grève des électeurs, Le figaro 28 novembre 1888
 
Quelle est donc cette noirceur qui nous habite au point de ne pas voir l'artificiel d'une élection? Ou peut-être voyons-nous assez clairement le jeu et en bon américain nous disons-nous; « un jour ce sera mon tour! Un jour je gravirai les échelons et, d'ouvrier, de fonctionnaire, de petit rien du tout, je deviendrai grand, je serai décideur, j'aurai du pouvoir ». Il ne faudrait pas alors détruire un système auquel nous aspirons. C'est une possibilité. Pourtant je doute que ce soit le cas. Je refuse de croire que nous soyons complètement inconscients. Nous voyons bien qu'il y a quelque chose qui cloche. Que ce sont toujours à peu près les mêmes qui s'accrochent au pouvoir, qui se l'échangent d'élection en élection. De temps en temps un « petit » trouvera le chemin du parlement, mais il ne restera généralement pas petit bien longtemps. Peu importe que la situation soit la même depuis la nuit des temps, qu'on se fasse fourrer, mentir, abuser ou détruire, nous nous présenterons au bureau de vote convaincu que c'est la bonne chose à faire.
Une chose à faire! Comme si voter c'était agir. Alèssi Dell'Umbria dit; « voter n'est pas un acte, c'est une délégation de pouvoir ». C'est le contraire d'un acte. Ironiquement, voter serait s'abstenir d'agir. Ne pas aller voter, si cela est fait en toute conscience, est en 2015, une action concrète pour se réapproprier notre pouvoir de vivre dignement et notre droit d'être à tout moment aussi souverain qu'autrui. 
 
Alexis de Tocqueville disait en 1840 : « Il est, en effet, difficile de concevoir comment des hommes qui ont entièrement renoncé à l'habitude de se diriger eux-mêmes pourraient réussir à bien choisir ceux qui doivent les conduire ». Bien sûr, il y a longtemps que nous ne nous sommes pas dirigés nous-mêmes et la route s'annonce difficile pour réapprendre à nous réorganiser ensemble. Mais puisqu’à l'inverse cette habitude à nous organiser nous-mêmes nous cause autant de tord dans notre habileté à choisir ceux qui doivent nous conduire, le choix reste ouvert et la quantité d'énergie nécessaire pour nous organiser versus celle nécessaire à nous faire organiser (si l'on compte ce qu'il en coûtera dans l'ensemble) me semble relativement similaire. Personnellement, je choisis l'action et c'est pourquoi je n'irai pas voter le 19 octobre prochain.
 
Martin Zibeau
St-Siméon de Bonaventure, Gaspésie

lundi

Un billet de banque, des ciseaux et des émotions

Couper un billet de 20$ en deux avec des ciseaux ne se fait pas sans émotion.

Depuis quelques mois j'ai assisté à plusieurs découpes de billets. Chaque fois le geste est chargé d'émotions et de mises en scène spontanées. La mise en scène semble tenter de justifier ou de minimiser le geste. La personne cherche une approbation. Sa propre approbation ou celle d'une personne la regardant « commettre » l'acte. Pourquoi est-ce ainsi?

Nous avons un rapport à l'argent. Une relation émotionnelle. Cela nous paraît « normal ». Il ne faut toutefois pas gratter très profond pour abîmer cette « normalité ». Si mon rapport à l'argent semble bien ancré dans les sphères émotionnelles de mon être, c'est parce que je donne à l'argent (la monnaie) une place très importante au quotidien. Qu'est-ce qui n'est pas mesuré en terme de dollars aujourd'hui? Mon temps vaut de l'argent; trois heures valent 45$, 75$, 300$ ou 3000$ selon ma profession. Lorsque je ne travaille pas, je peux calculer l'argent que je « perds ». La maison que j'habite vaut 100 000$, ma voiture 25 000$, mes enfants me coûtent tant d'argent de nourriture par semaine lorsqu'ils sont petits et je suis mieux de me préparer parce qu'ils vont me coûter cher lorsqu'ils seront ados. L'argent mène le monde, c'est le nerf de la guerre, on ne peut rien faire sans argent. Ce n'est donc pas étonnant que lorsque je mets les ciseaux dans un 20$ le cœur me débatte. Parce que mettre les ciseaux dans quelque chose c'est aussi le détruire, le rendre inutilisable, inutile.

C'est toute cette charge émotionnelle qui passe dans le coup de ciseau qui fera d'un 20$ deux demi billets. Puis il y a le moment où tout s'arrête … rien ne se passe. Aucune alarme, rien n'y personne n'est disparu, rien n'a changé sinon mon rapport à l'argent. Tout à coup la question « c'est quoi l'argent? » se pointe à l'horizon. Qu'elle est la différence entre un billet de 20$ complet et deux demi 20$? Puis on me dit que le commerce au coin de la rue « accepte » les demi. Contre un demi 20$ on me donnera une denrée, un objet, un service.

Il y a quelque chose de plaisant dans le fait de demander à quelqu'un; « acceptez-vous les demi? ». C'est comme si on lui demandait; « me faites-vous confiance? » ou « faites-vous confiance à la communauté? ». Faites-vous confiance que ce bout de papier pour lequel vous me donnerez un bout de pain, une heure de travail ou un verre de bière, vous permettra à votre tour de répondre à un de vos besoins? Puis il y a aussi le fait que ce petit bout de papier ne vaut rien pour ceux et celles qui ont trouvé le moyen d'abuser du système monétaire traditionnel. Y aura-t-il des abus en lien avec le demi? Je ne sais pas. Mais déjà on peut dire que cette monnaie complémentaire au dollar canadien aide à faire la transition entre le rapport à l'argent vers le rapport à l'autre, un rapport humain qui encourage la prise de conscience et les belles rencontres.

vendredi

Le demi fait couler beaucoup d'encre

Le demi sert-il à « protéger » quelque chose. 

Est-ce possible? une monnaie n'est qu'un outil neutre sans intention. Un des avantages du demi réside, à mon avis, dans le fait qu'il encourage les personnes qui l'utilisent à le faire consciemment. Ce sont ses limites qui le rendent intéressant. On choisit d'utiliser le demi. On choisit de dédier une certaine part de son budget à un pan de l'économie. Et ce pan de l'économie n'inclut pas les multinationales. Est-ce dire que si j'utilise le demi je ne peux plus participer au libre marché mondial? Pas du tout. Parce que le demi est « complémentaire ». Il s'utilise en parallèle au dollar canadien (complet). Au lieu d'empêcher quoi que ce soit, il ajoute une promesse que nous nous faisons à nous-mêmes. Lorsque j'ai 100-demi$ je sais que ceux-ci resteront à une échelle économique humaine. Une échelle à laquelle tant du côté du consommateur que du côté du commerçant il y aura eu une discussion. Un échange commercial, mais aussi un échange humain. Est-ce seulement le demi qui peut créer ça? Bien sûr que non! Mais comme la personne qui souhaite faire un effort (pour la planète ou pour sa santé) et utiliser un peu moins son véhicule, si elle n'a pas de bicyclette chez elle ou ne connaît pas l'horaire des transports en commun, son intention ne restera qu'une belle idée inexploitée. Le demi c'est un peu un bizik ou un billet de bus dans ta poche: T'es pas obligé de le prendre, mais au moins il est là. Pis comme ton bizik dans ta cour, si tu l'utilises pas, il rouille.
Certaines personnes disent que l'apparition du demi est pour elles un constat d'échec au niveau de l'achat local. C'est possible. Mais je crois qu'il gratte un bobo encore plus gros, sinon pourquoi des institutions comme le Time, Maclean's et autres mastodontes de l'économie s'y intéresseraient-ils? Pourrait-il soulever la question de notre rapport à l'argent? Pourquoi la plupart des gens se trouvant face au demi ont-ils comme première réaction un haut-le-coeur? Certaines personnes disent « tant qu'à couper des billets en deux, aussi bien les donner aux pauvres » ou « comment pourra-t-on un jour récupérer cet argent ». Ces questions comme bien d'autres sont de bonnes questions, mais elles soulignent aussi une certaine naïveté que nous avons collectivement face à la place qu'occupent dans nos vies l'argent et l'économie en général.
Un marché ne devrait pas être enfermé autour d'une seule monnaie. Et c'est exactement pourquoi les monnaies complémentaires viennent libérer les consommateurs de l’hégémonie d'une monnaie unique comme le dollar canadien en Gaspésie … par exemple. Une monnaie unique répond rarement, même jamais, à tous les besoins de tout le monde (tout le monde ne se définissant pas non plus comme des « consommateurs »). C'est aussi pourquoi il existe plus de 5000 monnaies parallèles dans le monde qui offrent une panoplie de moyens pour élargir le spectre des possibilités pour y arriver. 

jeudi

Les portes tournantes publique privé privé publique

Combien d'exemples nous faudra-t-il encore pour réveiller la fibre démocratique en nous.

Voici le document d'Énergie Est divulgué supposément par une fuite interne concernant les stratégies de relations publiques avec la firme Edelman pour supporter le pipeline.

lundi

Voir le monde autrement qu'à travers le regard des dominants

Si on ne fait pas attention, il est facile de voir le monde qu'à travers la lorgnette de la minorité fortunée. Cette vision nous est transmise de plusieurs façons, entre autres à l'aide des médias de masse propriété des mieux nantis, de la plupart des programmes électoraux et des outils d'évaluation de notre économie comme le PIB ne prenant en compte que ce qu'un groupe restreint décide d'évaluer.

Voici quelques outils nous permettant une plus grande perspective de points de vue.

Médias

Deux médias se distinguent dans la région par leur propos qui n'essaie pas de plaire à une élite :

http://www.journalensemble.coop/

http://www.moutonnoir.com/

Le graffici.ca pourrait se retrouver dans cette catégorie mais avec une mission moins claire et un peu plus frileux que les deux autres.

Outils d'évaluation économique


Je rêve du jours où nos CLD et nos chambres de commerces prendront ces outils en considération. Ces outils ajoutent des nuances nécessaires à un outil comme la mesure du PIB (produit intérieur brut) qui ne mesure que la "richesse" monétaire. Outil pratique si on veut définir la "richesse" qu'en terme de dollars. Voici quelques outils ou façon de penser qui élargissent la définition de la richesse.

L'IDH : L'indice du développement humain de l'ONU

Business Alliance for Local Living Economies, BALLE - (site en anglais) BALLE se donne comme but de développer en une génération un système globale à l'échelle humaine, des économies locales interconnectées qui fonctionnent en harmonie avec les écosystèmes locaux pour répondre aux besoins de base de tous et toutes, de supporter des sociétés justes et démocratiques et de promouvoir une vie communautaire réjouissante.

En Gaspésie, Horizons Gaspésiens va dans le même sens que BALLE.

Le TBL, Triple Bottom Line ou triple bilan en français. En théorie le concept est intéressant mais des questions ont été soulevées entre autres par le fait que le concept fut adopté rapidement et largement par la communauté des larges corporations.

Le Schumacher Center for a New Economics est rempli d'idées inspirantes et concrètes.





mardi

NOUS ne sommes pas l'élite

Au Québec depuis 1867, 31 premiers ministres dont une première ministre se sont succédé.

22 avocats
3 médecins
6 autres
  • 1 journaliste / notaire
  • 1 agronome
  • 1 machiniste / courtier d'assurances
  • 1 journaliste
  • 1 économiste
  • 1 MBA / travailleuse sociale (enseignante/consultante)


Date
Profession
Durée
en mois
1e
Pierre-Joseph-Olivier CHAUVEAU
1867-1873
Avocat
67
2e
Gédéon Ouimet
1873-1874
Avocat
18
3e
Charles-Eugène Boucher de Boucherville
1874-1878
Médecin
41
4e
Henri-Gustave Joly de Lotbinière
1878-1879
Avocat, sylviculteur, seigneur
19
5e
Joseph-Adolphe Chapleau
1879-1882
Avocat
32
6e
Joseph-Alfred Mousseau
1882-1884
Avocat
17
7e
John Jones Ross
1884-1887
Médecin
36
8e
Louis-Olivier Taillon
1887
Avocat
4 jours
9e
Honoré Mercier
1887-1891
Avocat, journaliste
58
(2e mandat)
Charles-Eugène Boucher de Boucherville
1891-1892
(2e mandat)
11
(2e mandat)
Louis-Olivier Taillon
1892-1896
(2e mandat)
40
10e
Edmund James Flynn
1896-1897
Avocat
12
11e
Félix-Gabriel Marchand
1897-1900
Journaliste, notaire
40
12e
Simon-Napoléon Parent
1900-1905
Avocat
53
13e
Lomer Gouin
1905-1920
Avocat
183
14e
Louis-Alexandre Taschereau
1920-1936
Avocat
190
15e
Adélard Godbout
1936
Agronome
2
16e
Maurice Duplessis
1936-1939
Avocat
38
(2e mandat)
Adélard Goudbout
1939-1944
(2e mandat)
57
(2e mandat)
Maurice Duplessis
1944-1959
(2e mandat)
180
17e
Paul Sauvé
1959-1960
Avocat
3
18e
Antonio Barrette
1960
Machiniste, courtier d'assurances
5
19e
Jean Lesage
1960-1966
Avocat
71
20e
Daniel Johnson (père)
1966-1968
Avocat
25
21e
Jean-Jacques Bertrand
1968-1970
Avocat
19
22e
Robert Bourassa
1970-1976
Avocat, économiste
78
23e
René Lévesque
1976-1985
Journaliste
106
24e
Pierre Marc Johnson
1985
Avocat
2
(2e mandat)
Robert Bourassa
1985-1994
(2e mandat)
96
25e
Daniel Johnson (fils)
1994
Avocat
8
26e
Jacques Parizeau
1994-1996
Économiste
16
27e
Lucien Bouchard
1996-2001
Avocat
61
28e
Bernard Landry
2001-2003
Avocat, économiste
25
29e
Jean Charest
2003-2012
Avocat
112
30e
Pauline Marois
2012-2014
Travailleuse sociale, MBA
19
31e
Philippe Couillard
2014
Neurochirurgien